La cache
Auteur: Christophe Boltanski
Éditions: Stock
Parution: 19 août 2015
Pages: 344
EAN: 978-2234076372
existe aussi en ebook
Genre: roman / biographie
Prix Fémina 2015
Prix des Prix 2015
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À MON AVIS
To my English speaking readers: scroll down to read my review.
I received this book from the French publisher via Netgalley.fr, so my review will mostly be in French
Une étiquette peut tellement influencer notre lecture ! Le Prix Fémina me dit qu’ils ont couronné Boltanski pour son premier roman. Stock, dans sa description de l’ouvrage, ose introduire l’étrange catégorie de roman-vrai. La raison pour laquelle je n’ai pas donné 5 tours Eiffel à La Cache est que je me suis mise à le lire comme un roman. En tant que tel, il n’est pas mal, j’y reviendrai, mais il tend à être long et à s’essouffler à mi-chemin. Mais si je considère l’oeuvre comme un récit biographique sur la famille de l’auteur, alors ça change tout et c’est excellent.
À 13 ans, Christophe Boltanski, l’auteur et le narrateur, décide d’aller vivre avec ses grands-parents dans un appartement parisien, un hôtel pour le moins “particulier”.
Pour s’expliquer à lui-même et nous présenter sa famille aux moeurs étranges, il donne à la table des matières de son livre la forme d’une sorte de tableau de Cluedo, se concentrant d’abord sur la voiture de ses grand-parents, “un mode d’habitation avant d’être un moyen de transport”, puis sur 9 parties de leur maison.
Au long des descriptions de chaque pièce, il présente les membres de “la tribu des Boltanski” et ce qu’ils ont vécu de joies et d’épreuves, depuis l’émigration d’Odessa au 19ème siècle jusqu’à aujourd’hui.
On pourrait dire que la maison est elle-même le personnage central du livre, autour de laquelle se meut tant bien que mal sa “Mère-Grand” touchée par la polio après la naissance de son premier enfant, et son grand-père qui fait croire à un divorce et à sa fuite mais en fait se cache dans son propre domicile pendant 20 mois durant la guerre, seul moyen de survivre quand on raffle les Juifs à Paris pendant la deuxième guerre mondiale.
Quand on lit l’ouvrage comme une biographie, on prend plaisir à visiter tranquillement la maison de pièce en pièce et à découvrir petit à petit ses secrets, révélés sans jugement, avec simplicité et sobriété, (avec toutefois quelques passages à la Pierre Lemaitre quand il s’agit de décrire les horreurs de la guerre de 14-18 – voir Bureau, chap. 11) .
Pris comme un roman, ça devient un peu lassant.
C’est toute une réflexion sur le thème de l’identité, de la sécurité et de la peur. Que va-t-on faire pour se protéger ?
Le livre s’ouvre avec de multiples “il“, en premier lieu source de confusion pour le lecteur, mais recherché à mon avis. Tard dans le texte découvrira-t-on enfin le prénom de la grad-mère, par exemple.
C’est le “il” anonyme derrière lequel on se cache (les membres de la famille ont aussi recours à de multiples pseudonymes), mais c’est aussi le “il” de la cohésion d’un corps, d’un “bloc compact” sur lequel on s’appuie, d’un groupe qui se tient ensemble pour survivre face au danger, tout en se démarquant des autres et en créant “un entre-soi, une coupure avec le monde extérieur.”
Même pour se sustenter, ils ne formaient qu’un seul corps”
Cuisine – chap. 4
C’est aussi une réflexion sur le thème de la fragilité, physique et sociale, et de la précarité qui en découle.
Nous avions peur. De tout, de rien, des autres, de nous-mêmes.”
Cuisine – chap. 7
Mais ne vous y trompez pas : si l’enfermement est comme un mode d’être pour cette famille, si ce lieu est cimenté par la peur, c’est aussi un espace vibrant de vie, de liberté intérieure et de créativité.
Chacun a essayé de s’échapper à sa manière.
Grenier – chap.15
Ce sont des gens très intelligents, des professionnels, des intellectuels et des artistes. La grand-mère de l’auteur écrit même des romans.
EN DEUX MOTS :
Un ouvrage à la structure originale qui nous dévoile les secrets d’une famille hors du commun, et ce qu’elle est entre autres amenée à faire pour survive à la persécution juive.
IN OTHER WORDS:
The author tries to understand his atypical family and ancestors. To do so, he goes through and describes every room in the house where they lived, like in a game of Cluedo. Great reflection on the themes of identity and security, especially as the Jewish family has to take very special measures to survive persecution during WWII. Though the publisher classified it as a novel, it is more a biography of a family.
DE QUOI S’AGIT-IL?
« Nous avions peur. De tout, de rien, des autres, de nous-mêmes. De la petite comme de la grande histoire. Des honnêtes gens qui, selon les circonstances, peuvent se muer en criminels. De la réversibilité des hommes et de la vie. Du pire, car il est toujours sûr. Cette appréhension, ma famille me l’a transmise très tôt, presque à la naissance. »
Que se passe-t-il quand on tête au biberon à la fois le génie et les névroses d’une famille pas comme les autres, les Boltanski ? Que se passe-t-il quand un grand-père qui se pensait bien français, mais voilà la guerre qui arrive, doit se cacher des siens, chez lui, en plein Paris, dans un « entre-deux », comme un clandestin ? Quel est l’héritage de la peur, mais aussi de l’excentricité, du talent et de la liberté bohème ? Comment transmet-on le secret familial, le noyau d’ombre qui aurait pu tout engloutir ?
La Cache est le roman-vrai des Boltanski, une plongée dans les arcanes de la création, une éducation insolite « Rue-de-Grenelle », de la Seconde Guerre mondiale à aujourd’hui. Et la révélation d’un auteur.
L’AUTEUR
Christophe Boltanski est né en 1962.
Entré en 1989 au journal Libération,
il fut correspondant pendant presque dix ans pour le journal
– d’abord à Jérusalem (1995-2000) puis à Londres (2000- 2004).
Il co-dirigea ensuite le service étranger du journal jusqu’en 2007,
avant de rejoindre Le Nouvel Observateur.
Il est également actionnaire du site Internet d’information Rue 89,
fondé par d’anciens journalistes de Libération.
Il gagne en 2010 le prestigieux Prix Bayeux-Calvados
des correspondants de guerre pour un reportage
sur une mine au Congo, dans la région du Nord-Kivu : Les mineurs de l’enfer.
(trouvé sur Babelio)
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